Les paysans sont devenus les conservateurs
D'une culture agraire qui meurt,
Qui tend à disparaître,
Mais ne doit pas disparaître.
L'équilibre des populations rurales est menacé,
L'isolement de plus en plus prononcé,
Tout est conçu, organisé, pour aller vite,
Toujours plus vite.
Les avions, les TGV, les autos
Nous détournent des chemins vicinaux
Qui nous permettaient de rencontrer des amis
Dans une campagne bourdonnante et fleurie;
De partager quelques instants de bonheur,
Le temps de faire " quatre heures "
De cochonnaille, de fromage, d'un verre de vin.
C'était bon, c'était de l'amitié, c'est certain !
Dans le chemin, l'attelage attendait
Patiemment à l'ombre de la grande haie.
On ne visite plus la campagne, on passe indifférent
La regardant de haut, de loin, l'air absent.
L'été, quelques amis de la ville viennent en touristes
Nous faire une courte visite.
Le monde agricole continue de mourir lentement,
Il est à l'agonie silencieusement.
Tous les beaux discours électoraux
Ne doivent pas cacher le désespoir de certains ruraux.
Notre belle campagne,
Sera-t-elle encore la campagne
Sans le cocorico énervant d'un coq insomniaque
Et sûrement un peu maniaque ?
Sans l'odeur forte d'un troupeau partant au champ
D'un pas nonchalant ?
Nos paysans résistent aux intempéries, aux famines,
Aux guerres qui les minent,
Aux épidémies qui ravagent les troupeaux,
Aux dégâts des eaux;
Ils sont venus à bout de la grêle,
Du feu, du gel,
Ont subi les méfaits
Du vent vrillant les troncs des grands arbres de la forêt.
Malgré toutes ces circonstances
Ils sont remarquables de sagesse et de patience.
Voici
Ce qu'un vieux proverbe dit :
Sous le chapeau d'un paysan
Est la tête d'un homme sage et patient.